Selon les études sociologiques et les statistiques, les femmes gèreraient autrement le temps que
les hommes. Effectivement, il semble que chez les femmes, la charge mentale et le stress associé soient plus présents dans leur gestion des contraintes au quotidien. Comment résister à ces conditionnements sociétaux pour gagner sérénité et énergie face aux obligations naturelles de nos vies ?

Constat : je suis constamment débordée !

J’entends souvent mes clientes, voire mes amies, prononcer cette phrase et observer le stress qui l’accompagne. Différencions d’abord le fait d’être débordée, et de se sentir débordée.

L’analyse des temps de vie, heure par heure sur une (ou plusieurs) journée type, nous montrera la réalité de la chose. Même si elles sont bien remplies, ces journées ne sont pourtant pas forcément excessives, tout en nous donnant le sentiment d’en faire trop.

Dans ce cas, faire le point sur les avantages et les inconvénients que j’ai à être débordée ou organisée permet souvent de lever quelques croyances, par exemple « je dois être une superwoman », « je dois tout faire pour les autres », « une maman doit toujours être sur le pont » ou « un cadre c’est forcément débordé », etc.

Je peux alors me donner un premier objectif de changement en remplaçant consciemment une de ces croyances limitantes par une autre, comme : « j’ai le droit de prendre aussi du temps pour moi » ou « je ne suis pas obligée d’être tout le temps parfaite ».

Suggestion 1 : créons notre agenda idéal…

…en y mettant des plages d’imprévus

La vie est pleine d’imprévus qui obligent à reporter ce qui était prévu ou à terminer tard la journée
pour boucler notre « to do list ».
Poser dans l’agenda une heure quotidienne d’imprévus nous permettra d’y faire face plus sereinement, ou, si rien ne surgit ce jour-là, de remplir ces plages avec une activité planifiée et finir à une heure raisonnable ou avancer sur des choses à faire prévues ultérieurement.

…en classant notre to do list par priorités

Le président Eisenhower préconisait de définir nos activités ainsi :

  • prioritaires : ce qui est absolument impératif et immédiat
  • urgentes : qui ont une échéance proche
  • importantes : qui nécessitent concentration, calme et attention.

Puis sur une journée ou une semaine et une fois les priorités réglées, il classait les actions ainsi :

  • faire en premier ce qui est urgent ET important (UI)
  • ensuite ce qui est important sans urgence (INU)
  • ensuite ce qui est urgent et pas important (UNI)
  • enfin en dernier ce qui n’est ni l’un ni l’autre (NUNI) et peut donc être reporté, délégué, voire remis aux calendes grecques.

…en « pesant » le temps

Souvent nous nous jetons dans l’action dès le matin avec en tête ce que nous avons à faire. Or, mesurer de combien de temps nous avons besoin pour chaque tâche planifiée nous permet de l’inscrire dans l’agenda en fonction de notre réelle disponibilité sans surcharger l’agenda. En fin de journée, lister ce qui est fait plutôt que ce qui reste à faire pour éviter de nous auto-stresser.

Suggestion 2 : sortons de nos programmations

L’analyse transactionnelle définit 5 drivers, sortes de logiciels internes qui gouvernent une partie
de notre inconscient.
La « sois parfait » nous amène à beaucoup de professionnalisme, mais il est excessif et nous amène à vouloir tout maîtriser et contrôler, sans nous donner le droit à l’erreur.

Le « fais plaisir » nous incite à beaucoup d’empathie mais parfois à nous oublier voire sacrifier notre équilibre, voire notre santé pour les autres ou le travail.

Le « sois fort » nous apporte fiabilité et solidité mais peut nous empêcher de nommer nos difficultés
ou nos fragilités.
Le « fais vite » nous donne du leadership et de la compétitivité mais peut aussi nous amener à survoler les choses, à manquer d’écoute ou à épuiser les autres.

Le « fais effort » nous apporte de la méticulosité et une grande capacité à travailler mais nous pousse à associer la valeur des choses à l’effort fourni.

Comme disait le philosophe Paracelse, tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui est poison. Si un de vos drivers prend trop de place, il existe des antidotes :

  • accepter de lâcher prise et que l’on ne peut pas tout maîtriser pour le « sois parfait »
  • penser davantage à soi et apprendre à dire non pour le « fais plaisir »
  • accepter ses émotions et les montrer davantage pour le « sois fort »
  • fixer des priorités et apprendre à se poser pour le « fais vite »
  • dissocier effort et reconnaissance pour le « fais effort ».

Suggestion 3 : mettons de côté les conditionnements sociétaux

La plupart des femmes interviewées au sujet de leur gestion du temps disent se répéter de multiples fois dans la journée : il faut que je…et je dois. Or ces termes sont créateurs de stress et donc d’augmentation de cortisol (l’hormone du stress) dans l’organisme et surtout le cerveau.

Remplaçons ces termes par un verbe d’action : je vais faire ceci, puis cela. Il est probable que, si ces tâches ont été préalablement mesurées, nous constations qu’il sera impossible de faire tout ça sur la journée et reportions ou déléguions, et dans le cas contraire, nous les gèrerons avec beaucoup moins de stress.

Et se poser parfois la question « Que se passerait-il si je ne le faisais pas ? » est un bon moyen de mesurer les risques en allégeant notre charge mentale.

Déléguer

Une étude de l’INSEE montre en 2010 que les femmes prennent en charge 64 % des tâches domestiques et 71 % des tâches parentales. Évaluer le temps passé du lever au coucher sur une semaine en classant par types d’activité donne un éclairage intéressant de ce qui pourrait être délégué.

Beaucoup de femmes ont des difficultés à prendre quelqu’un pour se détacher des tâches ménagères, même si elles en ont les moyens. Et beaucoup aimeraient que leur partenaire ou leurs enfants en fassent davantage, mais…sans leur demander clairement de réaliser une tâche précise. Pour les incrédules, allez donc visiter le blog de la dessinatrice Emma qui s’intitule « fallait demander », c’est très drôle !

J’entends souvent d’ailleurs dire à ce sujet : « cela ne sera pas aussi bien fait » ou « je vais perdre
beaucoup de temps à lui expliquer, j’irai plus vite moi-même ». Accepter que les tâches ne soient pas réalisées de la même façon que nous, c’est aussi lâcher la maîtrise et le contrôle. Quant à l’explication, si je passe 5 minutes par jour à faire par exemple la vaisselle et que je dois expliquer deux ou trois fois 10 minutes à mon enfant avant qu’il sache la faire, je vais certes perdre 20 à 30 minutes mais aussi gagner 365 x 5 minutes soit 1825 minutes soit plus de 30 heures par an.

Prendre du temps pour soi !

Nous avons 3 temps de vie : professionnel, familial/sociétal et personnel. Beaucoup de femmes oublient cette troisième dimension.

Un des moyens de la réactiver est le « Magic Day » : une journée ou deux demi-journées par mois où nous nous autorisons à « faire du rien », enfin rien de contraignant en tout cas. Je peux cuisiner si j’aime ça mais ne pas préparer le repas familial. Je peux faire du shopping si j’aime ça mais pas les courses. Même pas mettre une lessive sur le fil ou laver une assiette : rien que du plaisir ! Cette

pratique régulière vous remettra en énergie, même si au début vous culpabiliserez peut-être un peu, mais vous verrez …ça passera !

Conclusion

Finalement, nous nous auto-infligeons cette charge mentale et pouvons la limiter en nous donnant
des permissions et en apprenant à ne plus tenir compte de l’éventuel regard des autres, de la société, sur notre rôle de femme, professionnelle, compagne ou mère mais en agissant le mieux possible en pensant à nous ET aux autres.

Car nous sommes co-responsables de notre propre charge mentale, et libres de nous en affranchir.

Éditions Tissot