Perte de confiance, jalousie, panique, déprime, peur de se faire doubler… Lorsque l’on se compare aux autres, les retombées sont rarement positives. La comparaison est d’ailleurs parfois considérée comme un “poison”, mais au travail comme ailleurs, nous le faisons de manière consciente et inconsciente. Or, cela peut vraiment nuire à notre confiance en nous et nous freiner dans nos objectifs de carrière.

Alors pourquoi se compare-t-on aussi souvent aux autres ? Est-ce si mauvais pour le moral ? Voici nos conseils pour comprendre ce phénomène psychologique naturel et mieux le gérer au travail.

Pourquoi se compare-t-on aussi souvent aux autres ?

Se comparer, c’est avant tout normal

Nous avons besoin de nous comparer en permanence, c’est dans la nature humaine. Mais pourquoi est-ce un besoin ? Simplement parce que « c’est notre façon de comprendre et d’appréhender le monde », nous explique Cécile Pichon, RH et psychologue du travail. « Analyser son environnement, c’est créer un référentiel et comparer tout ce qui est nouveau avec ce qui a déjà été observé. » Se comparer, c’est situer les choses et cela nous permet de structurer notre pensée. Lutter contre reviendrait donc presque à essayer d’arrêter de penser.

La comparaison, vraiment un poison

Cela reste à nuancer vous l’aurez compris, car se comparer c’est avant tout naturel. Si ça a du bon et que cela peut être une source de motivation et de dépassement de soi, il faut quand même y faire attention. Car se comparer aux autres c’est prendre le risque de s’enfermer dans « un schéma rigide ou négatif ». Un schéma qui manquerait de nuances, et qui nous conduirait à tirer des conclusions qui nous isolent, souvent peu valorisantes, donc mauvaises pour l’estime de soi.

Se comparer aux autres, c’est “oui”, mais à certaines conditions. Il suffit d’y ajouter un minimum d’objectivité. Et c’est toute la difficulté !

Quelques conseils pour se comparer de manière objective

Se comparer de manière objective, c’est redorer son estime, c’est s’auto-gratifier, c’est construire une perspective qu’on voudrait retrouver dans le regard des autres… Mais ce n’est pas chose facile. Ces conseils, validés par Cécile Pichon, RH et psychologue du travail et Caroline Montel, fondatrice 1heure1coach, sont là pour vous aider à vaincre le côté malsain d’une comparaison.

Repérez vos « instants comparaison » et situez-les sur l’échelle de Festinger

C’est la base, sans laquelle vous ne pourrez pas agir. Tout est dans la prise de conscience et de recul.

Leon Festinger, psychosociologue américain, établit la théorie de la comparaison sociale dans des années 50. Pour lui, il existe 3 types de
comparaison et chacun ne produit pas les mêmes effets. Il faut donc bien les situer et agir en fonction.

  • La comparaison est descendante : Ici, nous nous comparons à ceux qu’on considère dans une situation “pire” ou “inférieure” à la nôtre. Si elle peut permettre de relativiser sur sa propre situation et re-booster son ego, sachez que cela reste une démarche stérile qui peut malgré tout s’avérer malsaine.
  • La comparaison est latérale : Dans ce cas de figure, on dispose des mêmes critères (même niveau hiérarchique, niveau d’étude, même âge…) que la personne en face de nous. Elle peut vous donner le sentiment, fondé ou non, d’être inférieur. Mais peut aussi vous challenger et vous donner l’envie d’être toujours à la hauteur !
  • La comparaison est ascendante : C’est celle que l’on connaît tous, qui mine le moral et s’avère dangereuse à long terme. Il s’agit d’une comparaison avec quelqu’un que l’on considère vraiment “au-dessus” de soi. « Elle peut mener à une dépréciation de soi ou une survalorisation de l’autre. » affirme Cécile Pichon. Mais elle peut aussi être un véritable moteur de motivation à long terme. Pour cela, cherchez vos points communs avec cette personne, rapprochez-vous d’elle au lieu de créer un clivage. Prenez le temps de comprendre ses racines, son passé, ce qu’elle a accompli. Acceptez vos différences et voyez ce qu’il vous reste à travailler.

Se fixer des objectifs atteignables

La confiance en soi s’acquiert et s’entretient ». Il faut d’abord penser à long terme pour savoir où s’orienter, puis découper son parcours en objectifs à court terme. Un objectif atteint, même petit, est immédiatement valorisant. Il faut les collectionner.

Un défaut = une qualité

« Il est bon de garder en tête que nous avons les qualités de nos défauts, et inversement ». Oui, personne n’est parfait, c’est pourquoi il est important de relativiser. Voici quelques exemples : Elle est lente au travail, mais fait preuve d’une grande réflexion dans ses choix.
Il travaille vite, mais il ne pense pas à long terme. Il est drôle et fédère les équipes, mais il n’est pas en phase avec sa mission.
Elle n’est pas très proche de ses collègues, mais elle fait un travail fantastique.

Autorisez-vous le droit à l’erreur

On perçoit généralement — et surtout en France — ses échecs comme négatifs. En prenant encore une fois un peu de recul, les améliorations apportées, les efforts fournis, les réflexions liées aux échecs sont souvent synonymes de progrès. Ils sont donc tout le contraire.

À lire :

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  • Comment (bien) parler de ses échecs en entretien ?

Demandez des flashbacks

Les feedbacks fluidifient la communication, clarifient les situations et permettent d’évoluer « dans un environnement bienveillant. » Il ne faut pas hésiter à solliciter ses supérieurs et ses collègues.

Valorisez vos différences

Il existe divers chemins pour arriver au même point. Il ne faut pas s’inquiéter de vos différences, bien au contraire, il faut les valoriser. Ce sont elles qui vous pousseront à la réflexion et vous permettront d’avancer.

Osez demander des conseils

« Être envieux de l’autre, c’est mettre son énergie au mauvais endroit. » Si quelque chose vous plaît chez un collègue, observez bien sa manière de faire, ou mieux, demandez-lui des conseils et mettez tout en œuvre pour progresser.

Apprenez à vous connaître

Posez-vous les bonnes questions et apprenez à vous connaître. Puis, faites en fonction de vous, de vos aspirations personnelles et non du regard des autres. Ce qui vaut pour le voisin, ne vaut pas forcément pour vous.

Rendez-vous compte de vos succès

« Listez les choses que vous faites bien et soyez-en fier. » On effectue parfois ce qui nous semble évident, sans réaliser qu’il s’agit d’un succès à part entière. Rappelez-vous ce que vous avez accompli et surtout du chemin parcouru.

Et célébrez-les !

Sans tomber dans l’arrogance ou la condescendance, célébrer une réussite, c’est bon pour le moral.De toutes les zones d’ombres, il faut d’abord discerner celle qui vient de vous. Se comparer dans une réalité sociale à des collègues ou à des personnes que l’on admire est effectivement un jeu malsain, voire dangereux, mais c’est aussi un phénomène naturel nécessaire. Cela nous permet d’évaluer ce qui se passe autour de nous, de nous situer vis-à-vis des autres. Si vous réussissez à dompter vos moments de comparaison, ils peuvent aussi devenir une véritable source de motivation. Il s’agit d’un combat contre vous-même, ne vous laissez donc pas aller… Car ce sera toujours à vous de jouer.

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